vendredi, octobre 31, 2008

Mal élevée

Il a neigé aujourd'hui autour de la ville.
Et ce déjeuner interminable, une belle erreur. C'est rare, d'habitude, j'arrive toujours à avoir envie de mon interlocutrice, ne serait-ce que pour son regard, ses mains, des talons vertigineux, une simple courbe, sa bouche, un bonnet C. J'oublie sa conversation, les yeux vides et figés sur le détail qui fait tout, ma présence, son intérêt, le temps. Mes fantasmes.

Et puis là non, j'avais oublié le timbre de sa voix, nazillarde, puissante; ses vêtements bohèmes, longs, informes, colorés jusqu'au harcèlement de rétine. Sa manucure faite au Tippex et ses longs poils blonds jusqu'au poignet. Son coude, ancré sur la table, la tête penchée venant chercher sa pitance à la fourchette sans bouger le bras quand l'émail mord le métal d'appétit. Je frissonne. Mais qui baise cette fille, et pourquoi.

Alors sur un sms discret, la brune à frange me rejoindra plus tard; elle a pris 3 kg et ça lui va bien, j'aime les seins. je pose une main, depuis le siège passager, un parking de restaurant, du vent, la pluie, sa voiture sale, un silence glauque. Petit enfant coupable, maladroit mais consciencieux, pour oublier le cauchemar du déjeuner.