jeudi, octobre 16, 2008

Buddy Ackerman

C'est drôle, il lui suffisait de coucher avec la bonne personne, le type qui avait les cartes en main, son avenir, et surtout pas moi, juste bon à me regarder dans ses yeux, avec ou sans drame.
C'est drôle, un repas ou tout le monde sait qui est viré, sauf ma voisine de gauche.
C'est drôle parce que c'était pas moi.

J'ai pu apprécier la tranche de lièvre fourré au foie gras, son pain d'épice à la mandarine et le cul de la serveuse du Dix vins qui prendra honteusement de mes nouvelles. Je viens moins depuis que mes chances de la baiser reposent principalement sur le hasard. Le hasard et moi, on a pas beaucoup de chance.

Elle mangeait avec entrain, la pauvre brune à ancienne frange que je ne verrai bientôt plus. On va lui dire en décembre, ça serait dommage qu'elle tombe malade ou qu'elle oublie de travailler d'ici là.

Après la tentation, le passage à l'acte et l'indifférence, je ne m'empêche pas d'être un peu géné par son sort, je lui offre même un café ce matin, en prenant soin de la complimenter sur sa personnalité, sa tenue, sa bouche; il faut toujours finir par quelque chose de vulgaire, la politesse est rarement compatible avec l'envie.

Et puis ça la fait rire, ses lèvres charnues et larges, ses jupes fendues, son allure de salope bas de gamme.
Elle aime quand je lui mens naturellement en plongeant mon regard dans ses amandes humides trop maquillées. Je suis bon pour ça, la facilité.