lundi, octobre 06, 2008

"La force qui pourrait chez moi, jouer ce rôle de socialisation, est bien différente : mon désir de déplaire dissimule un insensé désir de plaire.

Mais je veux plaire "pour moi-même", sans séduire, sans dissimuler ce que je peux avoir de honteux. J'appelle provocateur celui qui, indépendamment de ce qu'il peut penser ou être, calcule la phrase ou l'attitude qui provoquera chez son interlocuteur le maximum de déplaisir ou gène; puis qui, rationnellement, applique le résultat de son calcul.[...]

Au contraire, il y a en moi une forme de sincérité perverse : je recherche avec obstination, avec acharnement, ce qu'il peut y avoir en moi de pire afin de le déposer tout frétillant, aux pieds du public -exactement comme un terrier dépose un lapin ou une pantoufle aux pieds de son maître. Et je ne le fais pas pour accéder à une quelconque forme de rédemption, la notion même m'est étrangère.

Je ne souhaite pas être aimé malgré ce que j'ai de pire, mais en raison de ce que j'ai de pire, je vais jusqu'à souhaiter que ce que j'ai de pire soit ce que l'on préfère en moi."


Michel Houellebecq, Ennemis publics