mardi, octobre 07, 2008

En dehors des clous

Elle passait un coup de fil sur le trottoir d'en face, au soleil de la rue Servan, vers 14h.

Planté dans un coin, j'ai aimé la regarder marcher sur ses talons stressés, aller et venir devant son rendez vous en retard, petite fille perdue inconsolable.

Je ne sais pas ce qui m'attire ces temps ci chez les brunes à frange, mais je n'ai pas pu me détourner de celle là; ni vraiment mignonne, ni joliment jeune, simplement élégante. Ou sexy, je crois, de silouhette.
J'attendais aussi, à l'ombre et du coin de l'oeil, qu'elle me remarque; c'est d'ailleurs la seule utilité de ce petit manège. En raccrochant, elle plongea un regard forcé sur le trottoir d'en face où mes lunettes de soleil ne renvoyaient rien d'autre qu'elle. Un léger malaise.

C'est à mon tour de téléphoner, au sien d'épier discrètement, la petite fille brune qui regarde en coin hésite à s'approcher, m'analyse de la tête aux pieds comme un morceau de chair. Comme moi, elle a déjà passé 30 ans.

Et voilà, mon sang se glace à son premier pas, et bouillonne au second.

Elle vient; décidée, traverse l'étroite rue, pénétre d'un coup d'un seul ma bulle de vices et se flanque à mes côtés en "préférant la chaleur de l'ombre." Une phrase, un sursaut de gland.

Nous échangeons quelques mots; elle est déjà moins bien. Et elle disparaîtra, happée par son rendez-vous vers 14H30.