jeudi, janvier 17, 2008

5% sur les produits repères

Ils ont tout détruit, comme ça, sans rien dire. Cassé le parfait parallélisme du rayon produits importés avec celui des huiles d'olive et du vinaigre, interrompu momentanément la naturelle continuité du rayon biscuits avec celui des pâtes, riz, et sauces tomates. Tout va à volo.
Des têtes de gondoles parsemées, des rayons à 90° les uns des autres, les produits bio, les vieilles galettes des rois et le sucre en poudre ont chouré la place des boissons. Les tiquets du fromage à la coupe sont introuvables, il n'y a plus de selles d'agneau.

La voix au micro n'est plus celle du quadra nazillard, elle est trop jeune trop forte, me manipule, embellissement, travaux, plus beau, plus grand : je reprends la barre du chariot à deux mains comme il y a si longtemps.

Devant moi, le cataclysme d'un carré de 10m complètement vide de produits à acheter. Un néant de carrelage défoncé par les roues métalliques des caddies pour ceux qui empruntent l'escalator aimanté. Du courage.
Je n'ai plus de mini canettes de coca light, disparues dans ma panique, oublié le papier toilette à la mandarine, et mon caddie rempli de produits que je ne connais pas. Ma facture prend 30% et je n'ai pas choisi la caissière.

Et dans le chantier, façon chantier, ce petit être comme plot conique en gilet orange et gris qui ne respecte pas le code couleur de l'établissement, au milieu de son trône, au milieu de nulle part, pour aider le consommateur bouleversé, pour rassurer, orienter.
Il se tient là ou je prenais le temps de choisir la meilleure tablette de chocolat il y a huit jours encore, pas forcément une fourrée.

J'ai évité son regard.