lundi, février 26, 2007

Monsieur Loyal

Samedi 6h. Sur le rebord du lit, dans une douleur lancinante.

Je viens de rentrer.
Il me reste encore un peu de la transpiration de cette étrange quadragénaire. Un corps de jeune femme, un visage chirurgicalement raté.
Elle m'a léché le bord des lèvres mais j'étais anesthésié depuis longtemps. La regarder danser d'abord, dans son propre combat, une bataille sans enjeu. Quelques soupçons d'excitation submergés par la peine. 45, peut etre 50 ans. Je n'ai pas bien vu ses mains, les ai senties pourtant, comme tous les autres ce soir là.

Combien d'heures de step, de body-combat, de fitness, de power plate. Combien de cures d'Omega 3 et de shopping avec ses filles pour qu'un pauvre mec comme moi pose sa main, y frotte sa bite, la dévisage comme une femme bandante ou simplement encore désirable.

Sur la piste, une clown et des relents de jeunesse, un cirque audatieux sans amour propre aucun. J'accepte de jouer en oubliant le mien dans l'alcool. Oublier encore pour fumer un paquet de cigarettes en quelques heures, craquer avec bonheur pour la première et les enchainer frénétiquement jusqu'à s'en déchirer la gorge, continuer et trouver une sentence qui ne viendra pas ce soir.

Ces justes majeures aussi, jeunes étudiantes, qui acceptent encore de se faire draguer par des trentenaires. Elles dansent en cercle, hésitent sur des regards, surveillent le moindre de leur geste. Elles valsent, frôlent, et pire, assument leur doute.

Dans la même ronde improbable, la ménagerie s'attroupe, deux blondes encore, venues casser de l'espoir.
Deux blondes venues remettre de l'ordre.
Affirmer la puissance de l'attraction et ses lois.
Les jeunes et l'ancienne lionne disparaissent dans les plaines de sièges au fond.

Je vomis vers 10h.