Hommes d'occasion et femmes neuves
Contentement, compromis, résignation, acceptation, restriction, frustration.
Un seul d'entre eux et une autre vie est possible.
Mais voilà le drame.
Ils s'enchainent dès que l'on choisit d'être deux. Se multiplient et se déclinent pour finalement finir en une fusion concrète mesurant en moyenne 1m65 en France et dotée d'une vulve au milieu, fréquemment entretenue, au mieux, rasée.
Au bout du tronc de la vulve, des bras puis des mains qui posent tôt ou tard une brosse à dents dans la salle de bain.
En haut du tronc de la vulve, une bouche qui dit "c'est qui cette fille ?".
Et toujours, au dessus de la bouche du tronc de la vulve, une tete qui pense "je ne suis pas sure de moi".
Faire avec ces constatations ne nécessite qu'un changement de prénom, et la délicatesse de répondre un "non" affirmé et surtout rapide à toute question ressemblant à "tu as déjà fait ça avec une autre ?".
La nouveauté est un gage de reconnaissance, de supériorité. On y trouve l'excitation. Alors elle est recherchée, grossièrement ou subtilement.
Etre la première, c'est être un peu vierge. Vierge de ce restaurant, de cet hotel, de ce pays pour les vacances, de quelques mots aussi. C'est purifier l'instant de toutes pensées exogènes. Ne pas marcher dans les traces des autres, de l'echec, plus généralement.
Ce qui a pourtant alléché les femmes était tout autre. Un homme d'occasion, ni le plus blanc, ni le moins initié. Celui qui envoute à des capacités visibles de destruction. Et cette qualité découle d'une addition de multiples défauts. L'équation du pouvoir et l'envie de s'y mesurer.
Il n'a plus rien d'attirant, l'homme vierge. Au mieux un fantasme rare. L'idée est simplement mignonne, attendrissante, de celui qui s'est réservé à. A quoi. Je ne sais plus. Une pensée qui fait sourire entre copines, un soir.
Vaste paradoxe, un peu partout autour de la vulve.
Etre neuve, une occasion rare.
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