Syndromes
Samedi. 23h30 au 365. Syndrome du fils unique.
Anna est assise à ma gauche, et par le hasard douteux d'une soirée imprévue, Claire, juste en face. Une légère tension est palpable.
Une autre tension, plus personnelle, me comprime : la perversion de baiser la seconde sous les yeux de la première.
Autour il y a d'autres filles, ni franchement belles, ni partiellement moches, un patchwork de qualités physiques, d'attirances morcelées comme il en existe tant.
A cette table, un idéal, rassemblant le maquillage de l'une, les préférences sexuelles d'une autre, la tenue de la troisième et le regard mutin de la dernière.
Alors l'alcool fait vaciller et fusionner ces femmes comme un trou d'air, perturbation qu'on traverse avec une seule et unique envie.
Les essayer toutes; faire de ma queue le plus bel endroit sur Terre, du moins pour moi.
Il n'en sera rien. Nous rentrons trainant le poids fatiguant d'un couple usé, Anna, malade, menstruée, inutilisable.
Dimanche. Syndrome de l'Ex.
J'emmène Anna dans une maison de campagne en marquant le fait que sa venue est exceptionnelle, que cette maison est témoin de l'importance d'une ex, d'une vie commune, de jolies choses...
Une maison hantée d'anecdotes et d'histoires, un maison comme un nid d'aigle.
Plus réellement, une maison banale ou tout le monde est passé, ou rien n'est ancré, plutôt témoin de soirées et filles diverses, de culs consommés avec l'appétit de 20 ans et la faim des 25.
Alors Anna projette, comme d'autres avant elle. Ici un couple qui chahute, qui plaisante, qui fait l'amour par amour, qui brule au coin du feu.
Un imaginaire admirable. Leur imaginaire serviable.
Anna, Olivia, Audrey, Christelle, quel que soit le prénom, chacune s'assoit dans le manège calmement, bercée par des pensées fertiles, par un passé presque inexistant, partageant toutes une simple et unique envie : exorciser ce lieu.
Cette opération s'exécute exclusivement par une prestation sexuelle paroxystique. Le combat d'une femme contre le fantôme d'une autre. Ainsi mes meilleures baises furent entre ces murs, et entre les leurs.
Aujourd'hui la menstration accouchera d'une longue pipe, gravée dans un passé existant.
Quand le salop des villes part dans les champs. Vive la campagne.
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