lundi, mai 15, 2006

Banana Split

Dimanche 17h. Autoroute A48, péage de Voreppe.

Anna sort sa main de mon jean; ça y est, le monstre prend forme.
Le système orthodoxe a été partiellement réinitialisé. Cette fille devient une salope.

Alors le week end c'est Anna qui fait ci, Anna qui fait ça, ici un gateau au miel, là, un abricot rasé comme une offrande. Sa chatte s'ouvre à peine, c'est une chatte témoin qui sent le neuf comme on enlève une housse plastique.
Elle n'embaume rien mais aspire déjà tout, je m'y vide comme on signe en bas d'une page. Sincèrement.

Les sms abondent, s'autosaturent à chaque réception.
Elle chantonne dans la cuisine, ouvre le four, allume le gaz, cuit, tranche.
Sur ses grandes pattes minces, elle patine un peu sur le parquet, un air de musique, et je baise Bambi.

Je mange une nourriture étrange, grasse, lourde, inesthétique et odorante, comme ces prénoms qu'on rencontre sous alcool et solitude.

Une sorte de pouvoir me possède comme je la prends, quand je veux ou je veux.
Si je continue cette dégoutante dégustation, elle risque de venir vivre ici.
Pire, que je lui demande.
Cette simplicité vicieuse est appréciable; elle est d'autant plus accessible dans un totalitarisme relationnel souriant. Ses initiatives restent sexuelles et alimentaires.

Moi je me contente d'être français avec euros et papiers, une petite entreprise et sa salariée.
Une mini jupe Zara rend ses jambes interminables et ses va-et-vient dans mon appartement plus supportables.
Dans ce monde, un non est un non, sans débat, sans compromis.
Dans ce monde mes questions entrainent souvent un oui et du mone chairi ensuite.

L'implosion sera sans doute froudroyante.

En attendant, Anna s'extasie devant un arbre, une route de campagne, son cul et son sourire figé offerts par alternance. Parfois ses yeux brillants me terrorisent.