jeudi, mai 04, 2006

Le Perrier tranche et une blonde.

16h. Terrasse du Stix avec deux blondes.
Voilà, il fait chaud, c'est parti...
Elles sont arrivées, les tenues d'été. Et l'homme est un animal heureux ensoleillé.

Je remercie solennellement Mango, H&M, Zara, Etam, Pimkie et Jennifer.
La dépendance est douce.
Les culs et les hormones explosent commes des cotillons à chaque coin de rue.

La tendance se résumera donc aux larges lunettes siglées, aux jeans moulants partiellement usés, aux ceintures unies roses ou blanches pour certaines qui n'oseront pas immédiatement la jupe en jean moulant la taille qui se plissera à mi cuisses ou elle s'arrêtera définitivement.

A la table près de moi, un homme d'environ 50 ans, à peine plus loin, un trentenaire, plus ou moins en face, deux adolescents.
Observer les autres qui observent, et se rendre compte de l'évidence.

Une jolie blonde élancée ose et passe à quelques mètres, une jupe courte, des sandales en semelle liège hautes, un top noir tacheté moulant.
Une conversation ainsi qu'une lecture s'arrêtent, des têtes se lèvent, scrutent d'abord à droite ou à gauche comme pour mieux simuler l'erreur, et reviennent focaliser sur le corps ferme et ondulant.
Des cheveux, des hanches, des talons, des seins comme autant d'yeux sur elle, autant de possibilités, de fantasmes, de projections. Personne ne la désire à l'identique, pauvre blonde morcelée.

Le plus agé croise mon regard, puis sourit. Un sourire de compréhension, qui pourrait dire "Je sais, je l'ai vu moi aussi"

Je regarde les deux ados, qui regardent le plus vieux. Nous nous sourions tous, le trentenaire s'y mèle comme pour dire "moi aussi j'en suis, je suis désolé" Un sourire d'alliance.
Un sourire de niais si bon.
Tous, parce que ces 10 secondes passées font état de notre condition.

De ce désir indomptable qui ramène à une préhistoire comportementale absolument présente. Nous sommes devenus des bites. Nous prenons dans le paysage sociétal des bouts de femmes, des bouts de jambes, des morceaux de tissus, la femme dans un mixage mental habile, un nem et sa feuille de menthe, à engloutir d'une bouchée dans un cerveau complètement vide.

La valse continue, nous nous oublions, puis le temps revient, doublé par deux brunettes extrement sexy arrivées d'un arret de tram de banlieue, vulgarité compostée et queue de cheval un peu haute.
L'envie monte des tables, caractéristique, transgénérationnelle.
Nous n'osons plus nous regarder.

Se mettre la tête dans nos tares, partager avec l'inconnu, l'autre queue et son Perrier tranche, c'est avouer la décadence, le pathétisme oecuménique de nos comportements.
Le savoir sans le voir, nous sommes trop identiques.
Combien d'érections aujourd'hui, combien de complots oniriques se sont joués là, devant un verre glacé...

Sentir l'été qui arrive...