samedi, avril 15, 2006

Jeu de mains

Les possibiliés de rencontres, les choix d'un oui, d'un nom, d'un appel, sont autant de facteurs à risques, abaissant mon seuil épileptogène. Un orage potentiel d'actions sexuelles comme une constante récurrente.
Chaque nouvelle est un futuricide.
L'instabilité d'une vitalité terrifiante. Je navigue entre les futurs possibles devant un café, un lit, un verre, un écran.

Je suis un mauvais casting, une vie-realité mouvante, une file d'attente, un jury qui crée lui même ses propres candidates.
Des femmes commes des pommes, des poires, des prunes, des anti-radicaux libres.
Des femmes comme de l'huile, des alicaments, mes oméga3 à moi, je m'en tartine la tête comme elles s'enduisent de Sisley.
Parce que c'est doux, parce que ça rend jeune mes crèmes à moi, toujours disponibles, toujours concurrentes, toujours en rayon.

Vendredi soir: Je dîne en face de Claire, nous sommes 4.

Elle est retard, poliment excusée par une veste en cuir usé asymétrique près du corps qu'elle tarde à enlever. Elle inaugure le petit haut en dessous me dit-elle, alors elle hésite, regarde à droite, à gauche. Tout et rien pour ne pas en faire trop, ou plutôt le contraire.
Evidemment qu'elle ment, évidemment qu'elle le connait son petit haut ultra décolleté, qu'il a déjà été testé avant, ailleurs, avec une ou deux copines. Elle a 28 ans. Et moi 29.

1h. Un pub transpirant.
Du monde en quantité, nous sommes nombreux, collés, largement alcoolisés.
Les mouvements de corps semblent chaotiques; il n'en est rien. Ici on se rapproche, on va lécher une oreille dans quelques minutes, un pas de plus, un verre à prendre sur le comptoir, ça frôle et ça bande doucement. Ici la vie à l'état brut.
Qui est là pour s'amuser. Qui est là pour baiser.
Devant moi qui est là. Claire, le cul de Claire, les longs cheveux blonds de Claire.

Les regards se décroisent autour de nous, ces regards qui enclenchent, qui accouchent des premières envies sous les cris lumineux d'une musique hypnotique.
Là, leur double pouvoir, leur intensité palpable et leurs frustration. Oeil pour oeil.
Un Yin contre un Yang. Une pupille qui dilate les possibilités pour s'effondrer sur elle-même, parfois. Dans les yeux, simplement.

Il suffit de quelques centimètres, ici encore, pour changer les statuts, il suffit d'un pas de ma part vers elle, vers sa fente enjeanée pour que les doutes deviennent certitudes, pour qu'une fois retournée, je ne sois plus tout à fait le même. Claire. J'avance, je la touche. Qui est là.

Son bras s'immobilise et tombe lentement le long de ses hanches. Là, plus bas, ma main et quelques doigts levés; ils sont chauds, enflammés presque humides.
Deux devient quatre puis oublient leur nombre. Là, nous communiquons. Nos extrémités se serrent comme deux corps se découvrent, une première rencontre à lieu.
Là, sa main s'accouple, pressante pour faire suinter mon cerveau, du bout des doigts.
Qui suis-je ?
Des pensées nous caressent quand ses fesses balancent leur gauche à droite.
Là, ce moment se grave dans nos moelles sans aucune immunité.

2h. Le monde se raccompagne. La revoir. Qui est là.