jeudi, décembre 11, 2008

D'un hôtel à l'autre

Dans la chambre avec vue à 300 euros, la vue du vide gris sur fond de ciel blanc. Quelques bruits de voitures plus bas dans la rue et le silence du reste, le mien, loin du vacarme d'où je viens, le restaurant-buffet-café en thermos-anecdotes-et-rumeurs.

La vraie solitude, c'est vouloir être n'importe où ailleurs, et son comble, être incapable de savoir où.
La grande douche à l'italienne et la baignoire jacuzzi ne changeront rien à l'immuable, je suis là pour le loyer de mon 90m² et une paire de boucles d'oreilles pour Noël. Sérieux et fiable, dit-on dans les couloirs. Une vertu de l'ennui.

15 mn dans cette chambre avant de redescendre, ça veut dire le temps de rien, quelques soupirs qui ressemblent à de légers spasmes tout au mieux.

Je me branle le soir sur le bord d'un lit de deux mètres de large, sans conviction, à astiquer une demie molle nonchalamment pour endormir l'homme sans autres pensées que des images de seins, de culs, de nouveau monde. La jouissance laisse place à de petits jets médiocres, manquants d'assiduité, qui pourraient mieux faire.

L'entourage professionnel est fait de quadragénaires cette fois-ci et le triptyque divorce-éducation-voyage remplace celui des trentenaires rencontre-mariage-enfants. Une fois encore, je reste muet en buvant discrètement les fins de bouteilles.
Le retour épuisé se fait derrière un chasse-neige, rentré à 21h, sucé à 21h30, endormi à peine plus tard.
Demain je demande une augmentation.