dimanche, mars 16, 2008

Semaine 5 : le bon marché

2 minutes avant l'arrêt du train, la descente sur le quai et la marche jusqu'à la sortie ou l'attendait son copain, la brune à frange s'engouffre entre mes lèvres une dernière fois en attendant Lundi. La rhétorique est étrange "je n'ai jamais fait ça", "tu es le premier qui", "c'est tellement naturel", "je ne me sens même pas coupable".

Elle ouvre la bouche comme une femme qui n'embrasse plus assez, avec peur, salive et tremblements, pauvre jeune mère abandonnée dans les frémisses de l'adolescence par une fatalité relationnelle adulte ingrate. Ou alors c'est une belle salope. J'essaierai de la sodomiser dès la semaine prochaine.

La semaine a donc été relationnellement bonne. Les rumeurs d'une histoire avec cette brune me permettent désormais d'accéder aux regards de quelques blondes jusqu'alors totalement inexpressives. Dans un groupe d'une quarantaine de personnes, il ne faut jamais partir trop tôt sous peine de s'épuiser rapidement, se lancer en vain dans la mauvaise stratégie. Il faut quelques jours pour laisser s'exprimer les plus bruyants et mieux cerner les blessés.

J'ai juste essayé de me nourrir, de vampiriser la première faiblesse de passage en fusionnant sa misère à la mienne. Juste essayé de jouer, pour voir si ces mois de sagesse n'ont pas gaché un peu de ma capacité à piétiner l'avenir en souriant.

Je pourrais avoir une maitresse à l'ancienne, je pourrais même en avoir dix. Je fais juste ça pour qu'on se rappelle de moi.