dimanche, mars 02, 2008

Semaine 3

Cette semaine le Novotel a changé, la ville et l'accent des gens, aussi. Dans chaque rue, ça ressemble à une sortie de lycée; des filles jeunes en slim et ballerines noires, aux cheveux effilés dans le cou, avec la frange floue totalement destructurée.

Au 4ème étage de la tour, il faut choisir son repas sain-équilibré dans une valse humaine immense où sucre, sel et gras n'existent pas. Choisir une table, entre les clans d'ouvriers, manutentionnaires, opérateurs, secrétaires, informaticiens, intérimaires, stagiaires, chefs de produits, de pub, com, RP, market, réglementaire, médecins, formateurs, assistants, RH, ventes. Un restaurant d'entreprise, des gens qui toussent.

On me badge à chaque nouveau bâtiment. Il faut 3 codes pour allumer mon pc, mais j'ai pu prendre le Pack Confort sur ma BMW. Je deviens une note de frais qui dit oui, toujours oui.

Mardi vers 23h, dans la Toyota Yaris de cette fille très attendue, je prends des photos de cathédrale en regardant ses cuisses pour oublier la journée et les petits cahiers spiralés qu'on me donne par dizaine. La mini jupe en jean conserve toujours cet effet profond d'amnésiant lent et plus encore quand elle déborde de ces petits fils blancs déchirés. Un rien m'amuse et me désole, c'est le même qui m'excite ou me dégoute.

J'ai 31 ans et si je reste assis sous le plafond pluvieux de la douche italienne au moins 20mn chaque matin, c'est pour oublier que je vous croiserai aujourd'hui. Vous ou d'autre.

Après une conversation trop longue à entendre ces gens jongler sur les thèmes enfants, éducation, maternité, relation parents, après avoir essuyé les regards dubitatifs sur mon âge et mon absence totale d'excuse sur ma non paternité, j'ai sorti la photo d'Anna comme un pauvre type décidé à casser l'ambiance. C'est exactement ça.
J'ai inventé un silence malsain, chuchoteur, un courant d'air de stupéfaction molle et d'énervement édulcoré, un silence sourd et ambitieux qui fera trop de bruit une fois les chambres regagnées. C'était ma carte maitresse, la normalité, maintenant ils vont se méfier.

La semaine à Grenoble fera le plus grand bien.