Hyperconsommation
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Hier soir je prenais un pichet de rosé plutôt tiède dans une pizzéria.
A la table de gauche, une blonde bronzée portant un haut noir et un collier ruban autour du coup, en face d’elle, une magnifique métisse moulée dans un jean Diesel ; entre nous par moment, une serveuse approchant la quarantaine, également moulée, massivement vulgaire.
A quelques mètres, deux autres filles, une blonde aux traits fins, une métisse aux cheveux asymétriquement plaqués.
Devant moi, un menu, une foultitude de pizzas.
Bouillonnant en moi, un nouveau monde, fait de pâtes classiques et de culs à découvrir, de napolitaines et de françaises, avec ou sans anchois et des palpitations frénétiques. L’hyperconsommation. Le devenir au présent.
De la rencontre comme du loisir, de la blonde post ado, de la pré-trentenaire effarouchée, de la petite bourgeoisie rondement engraissée à la prolétarienne métissée, toutes sont là, présentes, intéressées, atteignables, consommables. Pourquoi n’en choisir qu’une.
Le sentiment d’attachement comme mutation d’un hypothétique amour : un graal périmé.
La lenteur d’un quotidien du couple, la vieillesse comportementale du binôme sexuel contrastent avec la fulgurance des comportements hédonistes d’aujourd’hui.
L’heure est au zapping émotionnel, l’ère de l’Homo Consumericus, une espèce de turbo-consommateur décalé, imprévisible dans ses gouts et ses achats, largement affranchi des anciennes cultures de classe, à l’affût d’expériences émotionnelles et de mieux-être, de qualité de vie et de santé, de marques et d’authenticité, d’immédiateté et de consommation.
Gilles Lipovetsky, Le bonheur paradoxal.
La longévité du couple du XXème siècle n’était qu’une conséquence d’un modèle patriarcal, d’une domination masculine psychologico-financière, d’une belle bite fière encore bien raide.
Paradoxalement, le couple qui dure, qui fonde et rassure, devient plus que jamais la chimère qui va stabiliser les peurs. L’idéal d’une relation pure et durable, le modèle social à tout prix. Quitte à en oublier les moyens, seule une belle fin compte. 7mn devant un verre en enchainant les prénoms, Meetic côté en bourse, hypermarchés pour célibataires.
Il faut y arriver.
J’ai pris une 4 fromages, en attendant de les baiser toutes, une par une.
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