Les On changent
On tourne en rond, on tourne en rond.
On a peur alors on avance pas à pas, on y va doucement pour se laisser croire que la lenteur évite l'échec.
On fait dans les verres en fin de journée, on envahit les restaurants, on détaille, on analyse, on observe ce qu'on pourrait devenir avec lui, ou elle.
On écoute plus qu'on ne parle, pour voir si ça s'accorde, si ça parait stable, si les surprises seront gérables.
On s'invite dans son appartement au début, parce qu'il faut bien baiser quelque part, et poursuivre l'analyse. Le sexe structure le On. Alors On se structure beaucoup au début.
On inspecte, on se dit oui ou non.
On cherche à définir notre future place et la sienne.
On se met entre parenthèses un temps, juste pour voir ce qui s'y trame.
Si la passion nait, il faudra la domestiquer pour survivre, la rendre honnête et morale, alors on vérifie toujours, ou s'arretera l'étincelle, et quel est celui qui brûle.
On s'invite un peu plus longtemps dans l'appartement, on laisse quelque chose, mais le reste est ailleurs, sait on jamais, si le compte n'est pas bon.
Pas à pas, toujours.
Ne pas finir comme ceux d'avant, qui se mariaient pour passer dans l'âge adulte, parce que les temps ont changé, et changent encore.
Jouer aux dés, voilà ce qu'on fait, parcequ'on ne maitrise rien, qu'on ne se connait pas.
On sait bien que le lien social a fondé ce sentiment.
Que les yeux sont différents parfois, autour, partout : un matelas semble toujours plus douillet quand on y est allongé à deux.
La précarité commence dans la rencontre de l'autre, mais ici les nouveaux contrats ont gagné.
On est mis en scène, provisoires, accessoires. Même un oui remet tout en question.
On recherche la structuration, on évite la dépersonnalisation, on veut prendre pour soi d'abord, après parfois, on se laisse à donner un peu. Rentabilité.
On le sait bien, si on reste, tout ne deviendra qu'attachement, respect du à l'autre de nous avoir apporté un temps, et supporté le reste.
"Un amour conjugal fait d'apaisement, d'amitié affectueuse, de complicité, de soutien et de générosité mutuelle, de tendresse" V.Caradec.
Si le On devient vieux.
Alors le sentiment devient choix. Le beau hasard devient reflexion.
Et On, à masquer tout ça, pour le mythe.
"Le sentiment construit l'individualité et l'unité, la sécurité ontologique et la positivation, c'est à dire ce que chacun recherche pour lui-même.
Il y a donc un double bénéfice à être amoureux quand l'amour est partagé : l'élan passionnel fixe l'identité sur un objet, la stabilisant ainsi, et la personne aimée renforce en retour le travail personnel de construction de soi." J.C Kaufmann
Je vais me branler dans 5mn.
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