lundi, février 20, 2006

Méli-mélo

On court et on court encore, alors on tombe, on explose ces oeufs là dans le petit panier presque troué, et on se relève pour courir encore plus vite, pour tomber encore plus fort.

Là, je demande à un ami de rester, au cas ou, et prendre une deuxième bière, pour conjurer le probable et l'impensable, bannir le oui qui veut dire non : les minutes passent.

Voilà qu'elle arrive, ah non, un peu trop dans ma tête, un peu trop dans mes verres, les minutes en atteignent quarante de trop.
Une blonde entre, les cheveux bouclés, je la connais de temps anciens, baisé dans des débuts, sans conviction autre que celle d'apprendre. Elle s'accroche à moi en attendant son rendez-vous, me parle, raconte, mariage, divorce, travail, enfant, appartement, oublie volontairement les éjaculations faciales.

Elle a vieilli, forci, ses rires l'ont marqué là, au coin des joues, au coin des yeux, ses seins ont été tétés par quelqu'un qui disait "suce moi" et un autre qui l'appellera bientôt "maman". Alors ils sont tombés comme elle dans une vie qui ne court plus.

Sur le marché sexuel, elle ne vaut déjà plus grand chose, et dans ce bar foulé par de jeunes pétasses fermes, galbées, courbées et affutées, sa présence me dérange, je veux vivre mon humiliation tout seul comme un grand, regarder ma montre encore et encore, appeler des gens pour me donner consistance et attendre simplement qu'elle ne vienne pas, cette jolie pute.

"Tu as des nouvelles de gens du lycée ?" Je réponds pas des hum, par des bruits, de la fumée de cigarette, des sourires forcés, la porte s'ouvre et n'arrête pas. La blonde séparée demande des nouvelles d'un ami divorcé, tout le monde approche 30 ans, tout est normal. Garde alternée.

Le temps me lasse, je sors.
Evidemment je vais appeler, évidemment personne ne décrochera.
Le champagne est bon ce soir, merci Mlle M.
Désormais je veux des mélis-mélos.