mercredi, février 15, 2006

Du grand restaurant


Une serveuse de 20 ans, et je barbote dans la fontaine de Jouvence.

12h30, j'entre sans connaitre dans ce restaurant. Plusieurs filles en noir se hâtent, et puis une autre, une briseuse de couple, une aguicheuse de coeurs, une question de trop, petite brunette polissonne et minaude. Elle m'installe dans un sourire hébétant.

Elle est là, gambadant entre les tables, posant ici quelques serviettes, là quelques mots polis aux clients. Pétillante.
Je suis à ma table près d'un radiateur, contre une baie vitrée. Elle repart et je pars avec son cul des yeux mangés, pantalon noir moulant et string léger. Plaisir. Elle ressemble à quelqu'un que je vais bientôt connaitre.

Le repas est professionnel, mon invité arrive.

Et elle, rageusement attirante à naviguer derrière les colonnes et piliers de la grande salle, sa queue de cheval frétille le jeunisme, je suis déconcentré quand elle me sourit, souvent, très souvent, et son regard, souvent, trop souvent pour être poli.
J'ai dix ans et devant moi un jouet de Jayce et les conquérants presque emballé me tend les bras et un menu. Monstroplante entrecôte.

Horreur, l'invité habitué veut changer de table. Monsieur a chaud. Monsieur n'est pas à son aise. J'exécute. Horreur. La serveuse change.
Rouquine maquillée en vert vétue de noir rayé bleu aux ongles rouges. Lourde, large, encline au déclin. Elle glousse les plats du jour et irrite nos tympans. Solitude.
Les colonnes me livrent des bouts de belle, des coins de queue de cheval. Terroristes. Me la voilà kidnappée.
Je mange mon entrecôte, à point de rage.

La revoilà, service presque achevé, nos yeux se cherchent, se rattrapent puis se fixent et je suis sourd au monde. Aucun sourire, juste un dialogue pupillaire sans parasites. Elle est affreusement belle. Destructrice.
Il est temps de régler à ce grand brun là bas mais je sens encore ses yeux et déjà son pouvoir. Il faut la croiser avant de sortir, que je dise une phrase magique, il faut des champs fleuris dehors et Bambi.
C'est elle qui vient.

Elle :"Bon après-midi"
Je : "Merci...(2 secondes, sourire)...c'était agréable."
Elle :" Merci à vous...( 2 secondes, sourire)...pour moi aussi"
Je : Niais, bruit indescriptible.

A bientôt...