lundi, février 06, 2006

Les petits pains au chocolat



Baiser une commerçante, c'est comme posséder un petit hamster dans une cage.

J'étais garé là, en fin de journée, observant quelques minutes Audrey la boulangère, et son haut petit bateau à col V couleur marine, qui rangeait les dernières flutes sous le sillon d'un cul ferme et accueillant légèrement enfariné.

J'avais du prendre un pain au chocolat par jour le matin, plus une baguette chaque soir pendant de longues semaines, peut être trois, avant d'oser l'inviter à boire un verre.

Et beaucoup parler à sa caisse enregistreuse,
la faire rire,
ne plus venir pendant quelques jours,
puis changer subitement d'horaires,
oublier ce piercing enflammé dans sa narine gauche
et sa voix nazillarde tueuse de sensualité;
venir en costume,
puis en haut Adidas rouge,
être distant,
sérieux,
touchant,
parfois ne pas aller tres bien pour qu'elle se demande...
venir avec une amie pour qu'elle se demande...
acheter deux pains au chocolat un dimanche matin pour...
un oui.

Le plaisir a duré trois semaines de nuits à y penser, de jours à la regarder, parfois jouer avec ma monnaie là, sans la rendre, faire tomber une pièce, servir ce client derrière moi, sourire comme après un premier réveil en tendant juste un pain au chocolat.

"non c'est moi qui vous remercie"

"Il vous fallait autre chose ?"

Oui, il me faut toi, ici maintenant, vire moi tes sucettes et tes guimauves, tes ptits pains briochés, ouvre cette porte de fournil et offre moi cette vulve en vitrine qu'on partage une couronne et du souvenir comme une galette frangipane et sa fève.
Oui.

2 jours et 2 nuits de cet été, sans presque parler, nous n'avions rien à faire ensemble à part se sauter, s'échanger, se boire et se toucher. Nous jouissions l'un sur l'autre, pour le reste elle répondait "je ne sais pas".

Notre complicité est morte au premier baiser.
Alors perdus, c'est tout ce qu'il nous restait, du jaune d'oeuf et du lait.