samedi, février 04, 2006

Retour de séminaire



La navette se gare près de moi, une blonde méchée au crayon labial appuyé ouvre la porte latérale coulissante, me présente un bout de chatte encore épargnée d'un string noir, et me fait signe de la rejoindre. Bienvenu au Club Med.

Les unes arrivent, les autres débarquent des quatre coins du pays aux quatre coins du Club, toutes se rejoignent, grouillantes de gloussements torturés, elles ont entre 20 et 30 ans, caquètent et pondent des rires sous les pupilles dilatées de mes homologues masculins, eux qui, se paralysent devant ces culs parfaitement taillés pour la compétition des corps, des maquillages soignés aux mains french manucurées pour 30 euros.

Elles sont un essaim hormonal sans reine ni miel, ces ouvrières perdues, enfumées par leur propres reflet, tournent et détournent en formant des huit, je veux y aller plonger ma queue pour qu'on m'envenime par centaines.

En option dans le pack séminaire, 100 gentilles organisatrices, uniquement payées pour éviter que je m'emmerde, en gage, open bar quotidien de sorte qu'il y a ait plus de molécules de culs dévoués que d'azote dans l'air. Inspiration, expions.

Tout n'est pas si rose au pays des cases, dans la salle de plénière, l'immense silence bat au rythme de mes systoles bétabloquées par 100mg d'Aténolol.
Je suis assis, la tête serrée par un micro casque, oppressé d'un titre de Beyonce; près de moi, un présentateur répète, il est temps de m'introduire ma co-animatrice, Sophie, compagne de l'enfer des 600 regards.

Sophie parfaitement à l'aise, frôle le mètre soixante dix, son haut est blanc, moulant, zippé, ouvert, elle sourit comme une Miss Aquitaine; ses yeux sont d'un bleu coquin en forme d'amande. Banale efficacité d'une jolie blonde souriante, ni conne, ni le contraire, réalisme anthropomorphique, il y a de ces amandes qu'on retrouve accoudées au bar entre les cacahouètes et les cendriers.

Les portes s'ouvrent, bruits et pas entrent lentement comme un médecin soucieux, je suis malade sûrement, la nouvelle s'annonce par tous ces corps qui s'assoient et discutent sans comprendre que je suis là, avec ma blonde, à attendre la fin par un début en souffrance.

Applaudissements. Je me lève.
Sophie est déjà sur scène, ses seins sont comprimés, je suis tendu.
Les projecteurs me brulent, mais je ne vois rien ni personne, le micro lance ma voix contre un mur blanc et chaud, je ne la reconnais pas.
Alors, étrangement, la lumière devient nativité, douce, rassusante, le murmure qui monte des sièges une berceuse enivrante, je dégorge du Warhol, les minutes passent, je suis toujours là à sentir ces regards qui parlent et critiquent, je suis un autre que j'aime.


Fin du spectacle.

Le noir éteint la salle, Sophie devient complice tactile, le zip se dézippe et ses seins se dessinent sous mes yeux rougis, dilatés et sincères.
Des gens aux énormes salaires viennent nous voir, me parlent, on pose des mains sur mon épaule, on me sourit de près, on me regarde de loin, on serre ma main, me frôle, j'entends mon prénom là bas, puis ici dans la gorge d'une grande brune ou je me verrais tant.


Au réveil, mon colocataire de chambre n'est pas là, sur la table de chevet un mot :

"J'ai sauté Sophie hier soir, 1-0"