mardi, décembre 13, 2005

Pub cherche Hôtesses

J'ai mis 1h10 à trouver une place en centre ville pour déjeuner avec Delphine qui attendait depuis 45mn devant son assiette. Parkings complets, roumains absents pour montrer les places disponibles, et tout ça pour quoi : pour que des gamins puissent avoir des jouets pour Noël.

Pire encore, après une navigation intense sur le net, je m'aperçois qu'en Rhone Alpes, les Escort girls sont quasiment introuvables. Paris, Nice, Monaco, Lille, Cannes. La prostitution de luxe n'est pas encore décentralisée. Il faut lutter contre les inégalités. Dans ma ville estudiantine, Mc Do et Séphora détruisent certainement les futures carrières ponctuelles de jeunes salopes.

Il restera donc pour Noël les bars à hôtesses ou ouvriers et cadres supérieurs s'accoudent au comptoir d'une misère partagée, paupérisée sous la forme d'une vieille blonde à la voix broncho-obstruée. Elle fut belle un temps, pute à plein temps, et finira le sien entrepreneuse et tenancière.

Quand on entre dans l'établissement, c'est la maman des filles qui se présente à nous, elle est d'abord là, derrière le bar, pour nous montrer combien le temps fait souffrir les corps.
Elle affiche une tenue volontairement dénuée de sens, son but est une confidence : elle est la réprésentation dénudée de ce que la chair usée fait de plus mal au regard, elle est la présence d'un contraste humain, placebo de nos bites, les filles qu'elles embauchent non aucun intéret si leur devenir physique qu'elle incarne n'a pas place immédiate auprès d'elles.

Le chemin est tracé, il faut d'abord échanger quelques phrases avec elle, lui offrir une coupe à 20 euros, deviner son ancienne beauté, après quoi seulement de jeunes étudiantes pour la plupart apparaitront. Ici comme dans tout bar, les habitués peu nombreux sont partie intégrante du décor. Ils sont minimalistes eux aussi.
L'ambiance rappelle que le simple passage dans ce bar est de mise, que pénétrer dans cette antre n'a de raison que le but, quelques filles, 5 ou 6, qui ont soif tout simplement.

Compter 20 euros pour une premiere approche. Avec cette somme, le quidam parle à un corps dévoué, sexy, tendu, prêt à consommer et à l'être.

Tour de table : à mes côtés, un homme en costume de 45 ans qui me regarde amicalement, un peu plus loin, de vieilles basquettes blanches appartiennent à un homme un peu plus jeune avachi contre un jeu vidéo érotique, enfin parlant à la patronne un grand chauve vouté d'une soixantaine d'année en costume gris: il repose sa main droite tremblante sur l'épaule de la vieille blonde, tout le monde se regarde, personne ne parle. Il est 2h.

Au fond de la salle, une jeune blonde monte les marches éclairées d'un escalier rouge, l'action se passe en bas; elle est suivie d'un quatrième homme, plutot petit, péniblement musclé. Il lui sussure une phrase à l'oreille, entrouve la large porte en bois cloutée, jette un oeil à l'entrée sur le retour de caméra, puis sort.

Voilà ce qui se passe dans un bar à hôtesses, une danse chorégraphiée, des tables au sous sol ou l'on suce et se fait sucer, ou l'on boit pour oublier qu'on se branle sur des filles en master 1 pour le prix minimum d'une bouteille de champagne à 150 euros.

La vulgarité n'est qu'un piètre souvenir d'un temps ou une jupe faisait d'un corps la beauté et non la perte.