lundi, avril 27, 2009

Un air de lundi

"Il faisait bien 10°C de plus hier, bientôt y aura plus que deux saisons si ça continue".
Melody, vendeuse en boulangerie, enfourne ma pralinette dans le petit sachet marron La Talemelerie et le fait tournoyer une fois et demie. Il est 7h30. Melody a la bouche surmaquillée de gloss.


Parfois je suis à deux doigts de me dire qu'on se croisera un jour là bas toi et moi, à Ikea, Botanic, dans la brasserie du coin, au ciné, chez des amis. Je fais tout pour éviter ça, la bise dans la rue, les questions inutiles, les échanges de numéros. Pas assez flagrant.

Moi je vais à Ikea pour les gens, pas pour les meubles ; c'est un peu mon Peaugres à moi de te voir te balader avec tes copines célibataires ou avec ton mec, toute contente du regard en coin interdit à récolter.

Mon monde est une sorte de fantasme aux yeux grands ouverts, écarquillés. On y boit beaucoup.

Je peux y avoir un rendez vous et baiser la quasi totalité des filles dans mes contacts téléphoniques et un contact internet sur deux. 50% juste pour être crédible puisque c'est bien plus. Alors je ne fais rien de tout ça, ne surtout pas toucher à l'illusion de cette certitude.

C'est juste une base, comme une génoise ; tout ça n'a aucune utilité tant que je n'ai pas l'impression que toi, tu ne m'as pas envoyé un mail. C'est personnel. Il y a forcément quelqu'un qui comprend.
Cette fille qui traverse au passage piéton devant moi ce matin, celle qui me fait faire un demi-tour juste pour la revoir s'asseoir à son arrêt de bus. Les yeux écarquillés. C'est forcément toi.