Melting pot
Ecrire dans un berceau verdâtre parsemé de roses et de géraniums.
Devant moi un vieux puits, quelques pierres apparentes, un vent du Nord plutot frais.
On siffle dans les branches, des choses volent et m'agacent par intermittence.
Un peu plus loin, Anna s'expose sous un soleil fuyant à quelques rayons qui la rendront rougeâtre. Elle m'oblige un sourire, de ceux qui veulent juste dire tout va bien.
Depuis l'echec sentimental violent avec Francesca, il y a 5 ans, le goût des autres s'est muté en une bouillie amère qu'on avale pour survivre; la sexualité quant à elle, est devenue divertissement.
Un fluide psychologique comme une thrombose profonde; Francesca est ce caillot mouvant, embolisant ici et là comme un fantôme endogène.
Je suis porteur sain d'un passé infecté.
Plus aucun sentiment ne passe par le bout de ma queue; tout au plus quelques jets transparents ou blanchâtres, victimes de sensations tactiles déclinables comme une hierarchie de prénoms. Une sexualité honnête, plutôt moyenne.
Hier soir, sur un air reconnu, conscience est définitivement prise que l'exclusivité sexuelle n'est qu'un artifice absurde, un dogme improbable.
La fuite se fera dans le sexe, la fuite sera une perte par les autres, se gaver pour tasser, baiser pour la comprimer, cette fille qui coagule durablement la possibilité de sentiments aussi fugaces puissent il être.
Pour l'heure, il reste 15 jours sous un air de cccp. Une suite a peu de malchance.
La domination ultime ne laisse pas de choix au non. Cette relation avec Anna prend des tournures de dictature embuée de sourires. Aucun non n'est jamais sorti de sa bouche, seul ma bite y entre avec entrain et sympathie, reconnaissance et filets de salive.
Je suis avec un être by Sony, un e-robot étrange crée pour satisfaire l'autre, programmé contre tous conflits, une pute vietnamienne pour un soldat US, sucky sucky 5 $.
Le premier touriste sexuel sédentaire, by Meetic.
Pourtant, malgré un corps spectaculaire, le désir perd toute consistance quand il devient acquis. Le désir d'un corps est inversement proportionnel à l'idée de sa possession.
Pour baiser heureux, il faut la cacher.
Pour désirer, il faut la changer.
"Non seulement le désir sexuel ne disparaît pas, mais il devient avec l'âge de plus en plus cruel, de plus en plus déchirant et insatiable - et même chez les hommes, au demeurant assez rares, chez lesquels disparaissent les sécrétions hormonales, l'érection et tous les phénomènes associés, l'attraction pour les jeunes corps féminins ne diminue pas, elle devient, et c'est peut etre encore pire, cosa mentale, et désir du désir. Voilà la vérité, voila l'évidence, voilà ce qu'avaient, inlassablement, répété, tous les auteurs sérieux."
M. Houellebecq
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