lundi, juillet 09, 2007

Du bon usage de la vulgarité

Il a presque raison.

"Les Américaines sont trop saines, les Françaises trop capricieuses, les Allemandes trop sportives, les Japonaises trop soumises, les Italiennes trop jalouses, les Anglaises trop saoules, les Hollandaises trop libérées, les Espagnoles trop fatiguées! Restent les Russes.

Les filles russes ont une manière de baisser les paupières comme des enfants pris en faute; on dirait qu'elles se retiennent de pleurer, comme si leurs yeux turquoise étouffaient des sanglots venus du froid polaire, d'un malheur éternel, d'un viol parental dans la datcha familiale, d'une assiette vide au fond de l'hiver, d'un Noël sans cadeaux où l'on n'a pas le droit de se plaindre parce que sinon le père sera transféré au camp de Krasnoïarsk, d'un menteur qui est parti sans dire «da svidania», et leurs joues de tsarines attirent la caresse comme des seins, pourtant elles ne tremblent jamais, même par moins vingt degrés centigrades, elles se lèchent les dents et ne détournent pas les yeux, tout juste distingue-t-on une rosée calculée qui perle sur leurs lèvres, comme une prière ou un défi.

Ce sont des fleurs penchées sur la faiblesse des hommes, qui les excusent et les manipulent, écartent les doigts dans leurs cheveux, et même leur sueur sent bon, et n'importe quel homme devient un pantin entre leurs mains pâles qui flottent dans les airs comme des ailes de cygne. Vous savez de quoi je parle, depuis que la planète est un seul pays.

Le reste du monde connaît le pouvoir des filles russes; c'est pourquoi on leur refuse les visas pour l'étranger. Les femmes de toutes les nationalités les haïssent parce que la beauté est une injustice et qu'il faut combattre toutes les injustices. Les filles russes sont l'ennemi.

Ce n'est pas la première fois que des anges ont autant d'ennemis: relisez la Bible, ce catalogue d'anges brûlés."
F.Beigbeder. Au secours, pardon

Je passai donc une partie de la nuit au chevet de "Vertiges et Pulsions" sur TPS star, avec l'angélique Angel Dark et son demi strabisme, continuant ensuite sur Ciné Frisson avec "Une semaine d'amour". Le voilà, ce pathétique naturel, qui se comble d'alcool et de femmes, même en deux dimensions, et qui ne demande finalement rien d'autre que de pouvoir baigner dans un fantasme déchu permanent.
Anna a le même corps que ces filles, grandes et minces avec une tête ronde, la même manucure à 48 euros et ce regard étrangement lumineux quand elle enfourne comme elles, une bite dans sa gorge à s'en arracher la luette.

Il n'y a ici d'ailleurs par moment guère plus de dialogues qu'à l'écran, mais j'ai l'avantage d'avoir des légumes cuisinés du marché.