Construction permanente
Le week end passe calmement, entre un samedi soporifique et un dimanche migraineux, un déjeuner de famille.
On me demanderait presque pourquoi je ne l'épouse pas. Son principal défaut n'est après tout, que de confondre le masculin et le féminin. Les autres tables nous regardent furtivement pour finalement installer leurs yeux curieux sur cette grande fille mince au visage un peu trop rond pour un restaurant dauphinois.
Anna devient la représentation parfaite de "la petite amie" fabriquée, élégante et fine, polie et attentive. Droite sur sa chaise, le sourire est omnivore et discret. En rentrant, elle fera une heure de ménage, révisera ses cours, préparera le diner, demandera à regarder quelques téléchargements pornos et jouera avec ma bite de longues minutes.
Alors pourquoi cette envie d'aller patauger dans une inexplicable attraction, comme si le goût d'ici n'avait jamais la saveur d'ailleurs. Pourquoi le plaisir torturé du conditionnel passionné quand le présent est sereinement moelleux. Pourquoi jongler à pleine main avec la tentation brûlante sans se laisser aller à observer les autres agir.
Le meilleur est cet instant, évidemment. Que croyons nous.
Nos différences s'arrêtent ou débutent la médiocrité létale des autres, yeux fermés, à Collin-Maillard.
Pauvres petits gosses stupides que nous sommes, à bâtir les châteaux-forts que nous détruiront bientôt.
Je veux poser la dernière carte, et puis tu souffles.
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